L’accès au fort se faisait à l’origine à
travers la demi-lune de Savoie. Dès
le début du XVIIe siècle, il trouve un nouvel emplacement au
flanc gauche du bastion du Roi (N°1), sans doute parce que
l’ennemi est maintenant savoyard et qu’il est préférable
de dissimuler l’entrée à sa vue.
Plus tard, nous apprenons par le plan de Hue de Langrune
(1689) que l’on accède maintenant à la place par le centre
du front de Barraux, entre deux demi-courtines. La nouvelle
demi-lune, achevée par Camus, et qui résulte du détachement
de l’ancien bastion N° 2, précède un bâtiment d’entrée
qui sera réalisé par Vauban. Elle fait suite elle-même à
une lunette. Deux passerelles de bois se succèdent, coupées
de ponts-levis, la première reliant la rampe à la lunette,
la seconde située entre la lunette et la demi-lune. De
celle-ci part un pont dormant en pierre, qui a remplacé un
pont de bois. Au XIXe siècle, des casemates pour fusiliers
ont été construites sous ses arches, interdisant le passage.
Il est interrompu juste avant l’entrée du fort par un
troisième pont-levis, à bascule arrière. "… La
partie arrière bascule dans une fosse, sous l’entrée, et
le tablier vient s’appliquer contre la porte. (…) Il était
dangereux pour ses utilisateurs et moisissait fréquemment
dans la fosse.
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A la porte, comme au porche de la chapelle, Vauban tient à
souligner la majesté royale pour le visiteur qui pénètre
dans le fort, mais il le fait avec mesure. D’ailleurs, en
dehors du petit balcon de l’Hôtel du Gouverneur, qui est
antérieur à ses interventions, on ne trouve guère dans le
monument d’autres manifestations notables de cette volonté.
En fait, la beauté de ce site militaire, et cette modestie
est bien naturelle, réside plutôt dans l’harmonie de ses
proportions et dans la sobriété de ses volumes que dans les
effets décoratifs.
Derrière la première porte en bois, cloutée, d’une épaisseur
impressionnante, on trouvait à quelque distance une herse
faite de poutres verticales serrées et indépendantes (les
"orgues"), qui pouvait être descendue d’une
chambre haute en cas d’urgence. Si l’une de ces poutres était
cassée par un "pétard", la brèche était immédiatement
refermée par la réserve de longueur dont la poutre disposait
dans la chambre haute. Le dernier obstacle, pour l’ennemi,
était constitué par une seconde porte, aussi dissuasive que
la première.
"Avant de déboucher sur la place, le couloir s’élargit
en trois travées séparées par des piles et des arcades et
flanquées de corps de garde"
Le projet du bâtiment d’entrée est mis au point à
partir de la première visite de Vauban, en 1692. La
construction se fait ensuite de façon progressive : vers
1700, le rez-de-chaussée ; en 1707, l’étage. En 1709,
on abaisse la rampe d’entrée, on la pave, ainsi que les
vestibules des corps de garde. On place deux marches de pierre
pour accéder à ceux-ci.. La même année, on aménage le
pavillon des orgues. Celles-ci seront mises en service en
1711.
A l’étage, une communication est aménagée dans le corps
central pour permettre une sortie immédiate vers les chemins
de ronde des deux demi-courtines. |
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