Le château à travers les âges
Une motte castrale en bois s'élevait dès le
début du XIe siècle sur cette colline au dessus du hameau des
Fontaines, à 500 m d'altitude et qui domine la vallée de l'Isère.
Le site est naturellement protégé par un à pic sur la vallée, le
ruisseau du Rôti et les gorges du Fay.
Par la suite, le donjon de bois laissera
place à un château de pierre dont l'aspect nous est connu par un
inventaire succinct de 1339. Le château n'occupait pas la
totalité du promontoire, mais seuelemnt une terrasse excentrée.
De plan quasi-circulaire, le premier rempart de 40m de long
avait des murs épais de 2,50m et haut de 28 (ce chiffre parait
exagéré et correspond plutôt à la hauteur de la tour maîtresse).
A l'intérieur de cet enclos, il n'y avait qu'une tour à 2 étages
avec latrines et escalier de pierre. Un portail en pierre muni
de ferrures permettait d'accéder au château.
Par la suite (vraisemblalement en 1512), et
comme le montre les dessins d'Ercole Negro ci-contre, un
deuxième rempart faisant le tour de la colline est ajouté. Il
incluait les différents batiments de vie du château (boulangerie,
cuisine, écurie, logis) ainsi qu'une église paroissiale, un
cimetière et une chapelle dédiée à Saint Jacques. On peut
supposer que ces batiments existaient déjà au XIVe siècle,
protégés par une palissade de bois. Celle-ci n'ayant pas de
valeur marchande, elle ne serait donc pas décrite dans
l'inventaire de 1339.
Le château tombe au main des Ligueurs
pendant les Guerres de Religion et sert de garnison pour une
troupe de savoyards. Le château est démantelé en 1597 après la
paix conclue avec le duc de Savoie.
Le château était le siège d'un mandement
comportant 3 paroisses (Morêtel, Goncelin et Sailles).
La famille de Morêtel
C'est elle qui fait construire le premier
château au XIe siècle. Elle possède de nombreuses terres de part
et d'autre de l'Isère et est apparentée aux grandes familles de
la vallée, comme les Aynard de Domène ou les Garin de Gières.
Sous le comte d'Albon Guigues III, un Chabert de Morêtel est un
de ses conseillers.
Comme pour les autres châtellenie du
Grésivaudan, les Dauphins vont presser les Morêtel de leur céder
leurs droits afin de contrôler directement ce château important
pour la défense de leurs états. En 1251, un autre Chabert de
Morêtel ayant refusé de prêter hommage, la châtellenie est
confisquée. Les Morêtel recouvrent une partie de leurs biens en
1341 mais elle l'échange définitivement avec le Dauphin en 1343
contre le château de Bellegarde près de Beaurepaire. La famille
Guiffrey, qui possédait déjà plusieurs maison-fortes sur le
territoire du mandement, est alors inféodée du château jusqu'en
1353, où la chatellenie est cédée au Comte de Genève Amédée,
avant de revenir dans la mouvance delphinale en 1370.
Description de 1339 (extraits)
Donjon de forme circulaire dans lequel se
trouve un bâtiment à deux étages.
Le bourg de Goncelin est clos de murailles
élevées et fortifiées sur une circonférence de 508 toises ; 4
portails ; sur l'un desquels s'élève une tour carrée de 5 toises.
Les nobles du mandement : Richard de Mailles, Aymon de Mailles,
Obéron de Mailles, Jean, Amédée et Mermet Guiffrey, Eustache
Pinel, Chabert de Morêtel, Anselmet Philippe, Jean Joffrey, Jean
Chapel, les héritiers d'Etienne Roux, tous ayant maison-forte,
etc.
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Le fort de Morêtel en 1580,
par Ercole Negro
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